Dopage à l'érythropoïétine également appelé EPO

Publié le: 27/12/2024

Principalement produite par vos reins, l’EPO est utilisée pour traiter l’anémie causée par diverses affections comme les maladies rénales, le cancer ou encore le sida.

Cependant, l’EPO a également fait la une des journaux pour son utilisation par les sportifs d’endurance. Personne n’a oublié l’affaire Festina de 1998, où un soigneur de l’équipe cycliste de Richard Virenque s’est fait prendre avec plus de 400 flacons d’EPO, d’hormones de croissance, testostérone et corticoïdes, ce qui a entraîné l’exclusion de l’équipe et plusieurs condamnations. Ou encore Lance Armstrong, l’icône du cyclisme, déchu de ses titres et radié à vie en 2012, car reconnu coupable de dopage et testé positif également à l’EPO.

Dans cet article, nous examinons de plus près l’EPO, son utilité en médecine et pourquoi elle est si prisée par les sportifs d’endurance pour améliorer les performances sportives.

Qu’est-ce que l’EPO ?

Erythropoïétine, un nom bien compliqué mais dont la traduction est on en peut plus claire. « Erythro » signifie globules rouges et « poïétine » se traduit pas "faire". Avec cet éclaircissement, il est beaucoup plus facile de comprendre le rôle que joue l’hormone lérythropoïétine dans notre corps ; elle aide simplement à la production de globules rouges. Ce sont eux qui transportent l’oxygène des poumons vers toutes les parties du corps. Et si on manque de globules rouges, il ne peut pas en obtenir suffisamment, ce qui peut entraîner de l’anémie, de la fatigue et d’autres problèmes de santé.

La principale source de production d’EPO dans le corps est les reins, bien qu’elle puisse également être produite dans le foie et d’autres tissus. Lorsque les reins détectent que les niveaux d’oxygène dans le corps sont faibles, ils libèrent de l’EPO dans la circulation sanguine, ce qui stimule la production de plus de globules rouges.

L’EPO est principalement utilisée pour traiter des maladies rénales chroniques, des anémies liées au cancer ou au VIH, une perte de sang ou en encore chez les prématurés. Mais son champ d’action ne se limite pas à ça. Elle joue un rôle dans la neuroprotection, aide à protéger les cellules nerveuses contre les dommages et la dégénérescence, booste la récupération cellulaire, les niveaux d’énergie et à la cicatrisation des plaies. Elle améliore également la fonction cognitive chez les personnes souffrant de troubles de l’humeur. Comme vous le voyez, L’EPO n’est pas qu’une hormone qui « dope » les sportifs.

EPO et performances sportives

Vous le savez, on ne peut pas survivre plus de quelques minutes sans oxygène. Chaque cellule du corps en a besoin comme source d’énergie, et ce sont les poumons qui transportent l’oxygène vers les cellules à l’aide de globules rouges. Plus vous avez de globules rouges, plus d’oxygène est délivré facilement. Étant donné que l’érythropoïétine augmente le nombre de globules rouges, le résultat de plus d’EPO est une amélioration notable des performances sportives.

De nombreux athlètes utilisent l’EPO pour lutter contre la fatigue musculaire. La substance augmente le nombre de globules rouges dans le corps, ce qui améliore énormément l’endurance et les performances dans les sports comme le cyclisme et la course de fond. Ce type de dopage est appelé dopage sanguin, et dans cette catégorie se trouvent non seulement l’EPO mais aussi d’autres substances qui augmentent la capacité aérobie et les performances sportives. De nombreuses études (1) montrent que le dopage sanguin peut augmenter les performances jusqu’à 10% dans les sports d’endurance, ce qui est loin d’être négligeable.

L’utilisation de l’EPO comme produit dopant est évidemment illégale dans le sport et peut avoir de graves conséquences sur la santé, comme l’augmentation du risque de caillots sanguins, d’accident vasculaire cérébral et de crise cardiaque. Il existe néanmoins des moyens d’améliorer naturellement vos performances, dont nous parlerons un peu plus loin dans cet article.

Comment l’EPO est-elle utilisée ?

Il existe différentes manières d’administrer l’EPO. Par intraveineuse, le médicament est administré directement dans la veine via une seringue. Une méthode efficace et rapide. Par injection sous-cutanée, il est injecté dans le tissu adipeux juste sous la peau. Une méthode souvent utilisée par les diabétiques de type I lorsqu’ils prennent de l’insuline. Enfin par intramusculaire, qui comme son nom l’indique signifie que le médicament pénètre directement dans un muscle.

On trouve aussi des médicaments ASE (agents stimulant l’érythropoïétine) qui servent à imiter les effets de l’EPO dans le corps. Ils agissent en stimulant la moelle osseuse pour produire plus de globules rouges, tout comme le fait l’EPO. Les ASE se lient aux mêmes récepteurs à la surface des cellules de la moelle osseuse que l’EPO, et cela conduit à une augmentation de la production de globules rouges.

Cependant, même lorsqu’ils sont utilisés dans un cadre médical pour aider les personnes souffrant d’anémie, les ASE ne sont pas sans risque et ne sont généralement pas administrés avec légèreté.

Quels sont les effets secondaires de l’EPO ?

Bien qu’elle soit vraiment intéressante pour les athlètes, l’utilisation de l’EPO est illégale dans les sports de compétition pour des raisons évidentes. Le dopage sanguin n’est pas autorisé car il donne aux utilisateurs un avantage injuste sur leurs adversaires. Cependant, risquer une interdiction de compétition n’est pas le seul problème de ces produits. Le corps peut produire trop de globules rouges à cause de l’EPO, ce qui entraîne un épaississement du sang qui peut augmenter le risque de caillots sanguins, d’AVC et de crises cardiaques.

Ces effets secondaires sont plutôt lourds de conséquence, et l’EPO est souvent prescrite quand il n’y a aucune autre solution. Comme si ces risques ne suffisaient pas, il existe un certain nombre d’effets secondaires que vous pourriez ressentir avec l’EPO comme de l’hypertension, des maux de tête, nausées et vomissements, réactions allergiques, douleurs articulaires et des symptômes pseudo-grippaux tels que fièvre, frissons et courbatures.

Existe-t-il des suppléments pour booster l’EPO ?

Certains suppléments prétendent augmenter la production de globules rouges et améliorer les performances sportives. Formulés à base d’ingrédients naturels, notamment de vitamines (B12, folate), minéraux (fer) et extraits de plantes (Ashwagandha, Rhodiola Rosea), ils sont sensés stimuler la production d’EPO dans le corps.

Pas de risque d’être positif lors d’un test de dépistage de substances interdites avec ce type de suppléments, car il ne s’agit pas d’un dopage sanguin. Ils sont sensés simplement stimuler votre corps à augmenter naturellement sa quantité d’EPO. Mais malheureusement, il n’y a pas beaucoup de preuves scientifiques qui soutiennent l’efficacité de ces produits.

Comment améliorer les niveaux d’EPO naturellement ?

Heureusement, il existe plusieurs façons d’améliorer vos performances sportives sans avoir recours au dopage sanguin.

1 – Entraînement en haute altitude

L’entraînement dit en altitude - ou en hypoxie, est un excellent moyen d’augmenter votre production d’EPO, de diminuer votre fréquence cardiaque et votre tension artérielle, et d’améliorer la production d’hormones de croissance dans votre corps. En haute altitude, il y a moins d’oxygène, et lorsque vous vous entraînez dans ces conditions, vous induisez un état de d’hypoxie qui oblige le corps à s’adapter. Il devient plus efficace dans l’utilisation de l’oxygène disponible et produit beaucoup plus de globules rouges que d’habitude. Une fois revenu à une altitude normale après cet entraînement, votre corps bénéficiera encore de ces adaptations et vos performances seront meilleures.

2 – Utiliser un système d’entraînement respiratoire

Ce type d’appareil basé sur la science (2) – comme Airofit – est conçu pour renforcer les muscles respiratoires et améliorer la capacité respiratoire. Il offre une résistance aux muscles respiratoires tels que le diaphragme lors de l’inspiration et de l’expiration. L’utilisation régulière peut améliorer la force et l’endurance des muscles respiratoires, ce qui stimule la fonction pulmonaire et de la capacité respiratoire.

3 – Adopter une alimentation saine

L’alimentation joue un rôle énorme dans vos performances sportives. Afin de booster la production de globules rouges, une alimentation riche en fer vous aidera beaucoup. Voici des aliments riches en fer à consommer régulièrement : viande rouge, poisson, légumes à feuilles, céréales enrichies, haricots, lentilles, tofu, noisettes et graines.

Si vous prenez des suppléments, utilisez de la vitamine B12 et du folate pour augmenter votre production de globules rouges. Des suppléments à base de plantes comme l’Ashwagandha et la Rhodiola Rosea peuvent également vous aider à améliorer vos performances. Des études (3) montrent que l’ashwagandha augmente à la fois les globules rouges et l’hémoglobine, ce qui améliore la capacité aérobie. Rhodiola Rosea (4) favorise également la production de globules rouges dans la moelle osseuse.

4 – Adopter un mode de vie sain

Une bonne nutrition et de bonnes habitudes de vie sont primordiales pour performer. Par exemple, le sommeil est l’élément clé de la santé et de la performance sportive. Il est donc crucial de dormir suffisamment si vous voulez vous sentir bien et donner le meilleur de vous-même. Boire et fumer ne sont pas compatibles avec une vie de sportif. Car il est prouvé que la fumée est néfaste pour augmenter la capacité aérobique et les performances sportives. Si vous voulez améliorer non seulement vos performances, mais aussi votre état de santé général, abandonnez les cigarettes et optez pour des habitudes de vie plus saines.

Pour finir sur l'EPO

Voilà, vous savez maintenant l’essentiel sur l’EPO et ses effets sur le corps. Rappelez-vous qu’à moins que cela ne soit médicalement nécessaire, vous devez toujours opter pour des moyens naturels d’améliorer vos performances, car tout le reste est non seulement illégal mais aussi risqué pour votre santé.

Sources :

1 - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3372716/

2 - https://www.atsjournals.org/doi/full/10.1164/ajrccm.162.5.9912026

3 - https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4687242/

4 - https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/13880209.2022.2083187